Un nouvel édifice a fait son apparition dans le ciel de Pristina, l’un des plus hauts de la ville et des plus décriés : la cathédrale Mère Teresa. Bien que partiellement achevée (elle le sera d’ici deux ans), elle a été inaugurée au début du mois de septembre à l’occasion du centenaire de la naissance de Mère Teresa (1910-1997). Elle est également l’une des plus grandes des Balkans, dans un pays où la communauté catholique est l’une des plus faibles de la région, ne représenterait que 50 à 60 000 fidèles, moins de 3% de la population du pays.
Dans un pays où plus de 90% de la population est de tradition musulmane, comment ne pas comprendre la perplexité de nombreux Kosovars vis-à-vis de la nouvelle cathédrale?
L’ancien président et leader historique du Kosovo, Ibrahim Rugova (1944-2006), voulait faire de Pristina une capitale internationale, multiculturelle et pluriconfessionnelle, avec ses mosquées, ses édifices orthodoxes et sa cathédrale catholique. Il se serait d’ailleurs converti au catholicisme peu avant sa mort en 2006, un an avant le lancement des travaux. La cathédrale devait être ainsi le symbole de la diversité et de la tolérance religieuse du pays et de l’aspiration du Kosovo à intégrer l’espace européen.
Pour d’autres, en revanche, la perplexité laisse place à l’indignation. Une militante de Vetëvendosje, radicale, me confiait récemment: « Pourquoi construire une cathédrale si haute, si grande, en plein cœur de la ville, si ce n’est pour me faire sentir, moi kosovo-albanaise, si petite face à cette religion qui n’est pas la mienne? ».
La cathédrale serait une exigence implicite de la communauté internationale face aux risques (fantasmés) d’un Kosovo foyer du radicalisme musulman. Lire la suite